Né à Londres le 21 mars 1925 dans une famille d'immigrants juifs russes, Peter Brook débute très jeune sa carrière, et ses mises en scène audacieuses et novatrices lui valent rapidement la reconnaissance du monde théâtral londonien des années 1940 et 1950. En 1943, il monte sa première pièce, Doctor Faust de Christopher Marlowe. À 21 ans, il est engagé par la Royal Shakespeare Company (RSC), où il met en scène Roméo et Juliette (1947) et Mesure pour mesure (1950), tous deux salués par la critique. Dès cette époque, Brook se distingue en réinventant les classiques avec une énergie nouvelle et une modernité qui captivent le public. En 1955, sa version épurée et controversée de Titus Andronicus, avec Laurence Olivier et Vivien Leigh, témoigne de choix artistiques radicaux et de son refus des conventions.
Les années 1960 marquent un tournant décisif. En 1962, son King Lear, avec Paul Scofield, séduit par son esthétique dépouillée et sa profondeur psychologique, remettant en question la mise en scène traditionnelle des pièces de Shakespeare et préfigurant son style minimaliste.
En 1964, il monte Marat/Sade de Peter Weiss pour la RSC, une pièce mêlant histoire, maladie mentale et lutte des classes. Son approche originale lui vaut une renommée internationale et fait de ce spectacle un jalon du théâtre moderne. Brook l'adaptera ensuite pour le cinéma en 1967.
En 1970, il s'installe à Paris où il fonde le Centre international de recherche théâtrale (CIRT) et reprend le Théâtre des Bouffes du Nord (1974). Il envisage le CIRT comme un espace collaboratif où des artistes du monde entier peuvent expérimenter et explorer de nouvelles approches narratives. Le Théâtre des Bouffes du Nord, espace brut et modulable, s’inscrit parfaitement dans sa vision d'un théâtre fondé sur l'imagination ainsi que sur la sensibilité des comédiens et du public. Brook et sa troupe multiculturelle voyagent beaucoup, se produisent dans des endroits reculés d'Afrique, d'Iran et du Moyen-Orient, amènent le théâtre dans des espaces inhabituels tout en s'immergeant dans diverses traditions culturelles. Leurs voyages inspirent des œuvres telles que La Conférence des oiseaux (1971) et Les Iks (1975) qui illustrent l'intérêt marqué de Peter Brook pour les récits et traditions du monde entier et reflètent sa quête d'un théâtre universel qui explore les racines profondes de l’expérience humaine.
En 1985, en collaboration avec Jean-Claude Carrière, Peter Brook produit l'un de ses projets les plus ambitieux : Le Mahabharata. Adaptation du texte sacré hindou, cette production monumentale de neuf heures portée par une distribution internationale incarne pleinement sa vision d’un théâtre transculturel et aborde les grands thèmes de l'humanité : la guerre, la foi, le destin et la quête spirituelle. Créée à Avignon, puis jouée dans le monde entier, cette pièce devient emblématique de son approche, mêlant diversités esthétiques et récits mythiques.
Au cours des années 1990 et 2000, Peter Brook continue de produire des œuvres marquantes, notamment la remarquable Tragédie d'Hamlet à la RSC. Son goût pour les décors minimalistes et l'importance accrue qu'il accorde au jeu des acteurs deviennent la marque de fabrique de ses dernières créations. En 2005, il met en scène Vu du pont, qui témoigne de son intérêt constant pour la relecture contemporaine des grands classiques. Jusqu'à la fin de sa vie, Peter Brook ne cesse de créer – The Suit (2012) et Battlefield (2015) seront ses dernières créations – et de partager avec les jeunes générations sa connaissance approfondie et sa passion pour le théâtre.
Outre le théâtre, Peter Brook s'est également illustré dans le domaine de l'opéra. Après Salomé dans les années 1940, il continue d'explorer ce genre, notamment avec La Tragédie de Carmen (1983).
Peter Brook s'est éteint le 2 juillet 2022, à l'âge de 97 ans.